Christian - 01 novembre 2015

 L’immersion dans l’Arche a été pour moi un vrai  “ passage“ vers l’autre, avec l’autre, pour l’autre, le frère et plus précisément un passage vers moi-même, passage peut-être redouté, certainement enfoui, mais qui ouvre  une nouvelle porte dans mon cœur vers un inconnu.

Dés la porte ouverte, la lumière de l’accueil, de la fraternité, de la joie m’inonda ; telle est mon tout premier ressenti

Cheminant vers le diaconat depuis quatre années, dans le service de la liturgie, de la parole et de la charité, c'est-à-dire du frère, à la suite de Jésus-Christ, je suis en pleine découverte de la multiplicité de ces services dans l’Eglise envers les plus pauvres : souffrants, malades, personnes âgées, sans domicile fixe, handicapés, différents physiquement et psychiquement, prisonniers, pauvres, isolés, étrangers… la découverte de l’Arche a été pour moi une révélation qui demande à être approfondie.

Je me souviens de cette première rencontre après un accueil chaleureux, lors d’une soirée pour les amis de l’Arche : joie, rires, en un mot une fête dans la simplicité à travers des paroles, des partages, des chants, des jeux ; quel étonnement de voir les cœurs s’ouvrir dans une grande spontanéité, une fraternité, une vérité que l’on ne voit que trop rarement dans le “monde“.

Par la suite mes premières impressions se sont confirmées, par exemple au “Foyer bleu“ où chacun à sa tâche et l’accomplit avec plaisir, où règne convivialité bonne humeur, où le repas reste un moment de détente apprécié par tous. L’assistant à un rôle primordial d’accompagnement, de responsabilisation, de soutien, de décision et de justice notamment quand survient un problème qu’il faut résoudre; dans cette atmosphère familiale les jeunes se sentent bien, parfois accompagnés parfois autonomes et toujours en tous les cas aimés.

L’atelier “les Cactus“ à été  aussi le lieu d’une expérience très enrichissante dans toutes les activités manuelles qui demandent de la concentration, de la précision et où chacun donne le mieux de        lui-même ; toujours dans la joie et le respect de l’autre : travaux pour les fêtes de Noël, puzzles, découpages, collages, pyrogravure… j’ai vu là de belles choses s’accomplir dans la création mais aussi dans les comportements, rigolades, humour, parfois bouderies et replis sur soi temporaires, rapidement résolus par les assistants dans une juste explication avant que reparte de plus belle cette gaité qu’on ne peut leur enlever...

A la ferme, s’occuper des animaux et en particulier des poneys à un effet incroyable et combien éducatif ; j’ai vu là aussi les progrès que pouvait faire chacun et surtout ceux qui avait le plus d’appréhension ;  par exemple S… qui ne voulait pas venir et après quelques mois décrottait avec son ami les sabots du cheval !...  il s’était métamorphosé et  accomplissait ses tâches ludiques et difficiles avec sérieux et confiance.

Les journées d’activités avec les autres institutions du département : sport, jeux, pétanque, ne font que renforcer la cohésion de chacun et des projets de l’Arche.

Comment oublier ces sourires, ces cris de joie, ces paroles, tous ces moments heureux de la rencontre… on me serre dans les bras en disant “tu es mon frère toi“ ou “je t’aime tu sais“ … toutes ces accolades et ces serrements de main, en fait tous ces moments où le Christ se fait présent…

Comment oublier ces moments passés à l’oratoire où chacun, prenant une bougie prie à voix haute, par des chuchotements, des silences prière du cœur, prière des tout petits, dans cette pureté d’enfant envers son Père… partage d’évangile, chants ; quel bonheur !...

Les célébrations avec des servants d’Autel appliqués et souriants…

Dans mon cheminement tourné vers le frère, ces sept mois passés à l’Arche tous les lundi ont été d’une richesse insoupçonnée, me faisant avancer, ou plutôt descendre, dans un agenouillement vers le plus petit pour se mettre à sa portée, à son écoute, et cela est bien sûr valable pour tous les services du frère en Eglise, à l’écoute de la différence qui enrichit et que l’on reçoit comme un cadeau et qui montre que l’homme est admirable et beau.

Je rends grâce au Seigneur et à la Vierge Marie de me montrer, à travers toute cette œuvre, le visage du Christ.

J’ai vu l’Amour de l’autre, du tout Autre en action dans ces cœurs à cœurs, même les difficultés sont au service de l’autre et enrichissent ; combien de fois me suis-je dit: “là, à côté de mon frère je suis vraiment handicapé, puisse le Seigneur prendre soin de moi“… et je sais qu’il le fait…

Alors, je peux dire un grand merci à tous, Direction, Personnel, et surtout tous les Résidents de l’Arche ; je ne donnerai aucun nom ayant trop peur d’en oublier, mais je peux vous affirmer que vous êtes tous dans mon cœur et mes prières.